Génocide et guerre totale
N. Lygeros
Même si les notions de génocide et de guerre totale sont clairement définies dans les domaines, respectivement, des droits de l’homme et de la stratégie, nous n’analysons point leurs principes non seulement convergents mais bien souvent identiques. Certes la notion de génocide a été dégagée de tout contexte de guerre afin d’éviter des confusions sur le plan du droit international. Néanmoins, cela ne veut pas dire pour autant que nous n’avons pas d’éléments structurels communs. Pour le constater, il suffit de lire un fascicule publié en 1902 par le Grand État-Major allemand et intitulé Les lois de la guerre continentale.
« Une guerre énergiquement conduite ne peut pas être uniquement dirigée contre l’ennemi combattant et ses dispositifs de défense mais elle tendra et devra tendre également à la destruction de ses ressources matérielles et morales. Les considérations humanitaires telles que les aménagements relatifs aux personnes et aux biens ne peuvent faire question que si la nature et le but de la guerre s’en accommodent. »
En plaçant cette formulation à l’interface de la guerre totale et du génocide, nous voyons qu’il est extrêmement difficile d’établir une frontière sur le plan fonctionnel. Une guerre totale peut naturellement et ce, même du point de vue polémologique, se transformer en génocide. Cela ne signifie pas pour autant qu’il s’agisse d’un prétexte pour les génocideurs. Le caractère systématique du génocide est certainement un point commun avec la notion de guerre totale. Et il est vrai que les génocideurs tentent toujours d’appliquer la stratégie fallacieuse qui consiste à présenter le génocide comme une simple guerre. Afin de les contrer efficacement, il est nécessaire d’ajouter le qualificatif de totale au mot guerre car nous faisons ainsi l’acquisition du caractère systématique qui est une caractéristique nécessaire pour la notion de génocide telle qu’elle est définie par le droit international. L’efficacité du génocide provient de la mise en place de schémas qui sont propres à la guerre totale avec en plus le bénéfice d’être applicable à une population civile non armée. Alors que les défenseurs classiques des droits de l’homme qui n’ont pas conscience de leur rôle de guerriers de la paix, se contentent d’une voie juridique qui ne peut affronter efficacement le génocide. Ceci s’explique habituellement par le fait que l’œuvre des défenseurs des droits de l’homme se situe dans l’a posteriori du génocide. Mais cette excuse est dénuée de sens. Car les génocideurs travaillent dans l’a priori. Sans lutte sur le même contexte, nous ne pouvons obtenir que des résultats partiels et indirects. Ne pas voir que les génocides sont entrepris comme des guerres totales, sur le plan stratégique, c’est se refuser à utiliser des outils polémologiques pour lutter et résister avec efficience contre ceux qui veulent poursuivre le génocide à travers le génocide de la mémoire qui consiste à effacer toutes les traces du crime contre l’humanité. Nous devons nous battre, mais nous devons nous donner les moyens de le faire efficacement.
« Une guerre énergiquement conduite ne peut pas être uniquement dirigée contre l’ennemi combattant et ses dispositifs de défense mais elle tendra et devra tendre également à la destruction de ses ressources matérielles et morales. Les considérations humanitaires telles que les aménagements relatifs aux personnes et aux biens ne peuvent faire question que si la nature et le but de la guerre s’en accommodent. »
En plaçant cette formulation à l’interface de la guerre totale et du génocide, nous voyons qu’il est extrêmement difficile d’établir une frontière sur le plan fonctionnel. Une guerre totale peut naturellement et ce, même du point de vue polémologique, se transformer en génocide. Cela ne signifie pas pour autant qu’il s’agisse d’un prétexte pour les génocideurs. Le caractère systématique du génocide est certainement un point commun avec la notion de guerre totale. Et il est vrai que les génocideurs tentent toujours d’appliquer la stratégie fallacieuse qui consiste à présenter le génocide comme une simple guerre. Afin de les contrer efficacement, il est nécessaire d’ajouter le qualificatif de totale au mot guerre car nous faisons ainsi l’acquisition du caractère systématique qui est une caractéristique nécessaire pour la notion de génocide telle qu’elle est définie par le droit international. L’efficacité du génocide provient de la mise en place de schémas qui sont propres à la guerre totale avec en plus le bénéfice d’être applicable à une population civile non armée. Alors que les défenseurs classiques des droits de l’homme qui n’ont pas conscience de leur rôle de guerriers de la paix, se contentent d’une voie juridique qui ne peut affronter efficacement le génocide. Ceci s’explique habituellement par le fait que l’œuvre des défenseurs des droits de l’homme se situe dans l’a posteriori du génocide. Mais cette excuse est dénuée de sens. Car les génocideurs travaillent dans l’a priori. Sans lutte sur le même contexte, nous ne pouvons obtenir que des résultats partiels et indirects. Ne pas voir que les génocides sont entrepris comme des guerres totales, sur le plan stratégique, c’est se refuser à utiliser des outils polémologiques pour lutter et résister avec efficience contre ceux qui veulent poursuivre le génocide à travers le génocide de la mémoire qui consiste à effacer toutes les traces du crime contre l’humanité. Nous devons nous battre, mais nous devons nous donner les moyens de le faire efficacement.