Friday, January 31, 2014

    De la restauration à la récupération


    De la restauration à la récupération
    N. Lygeros

    - Ils ont restauré l’église.
    - Je ne vois pas la croix.
    - Ne sois pas cynique.
    - Que dois-je dire alors ?
    - C’est un pas vers la paix.
    - C’est aussi un pied dans la tombe.
    - Est-ce un mal de restaurer ?
    - Ce qui est mal c’est la récupération.
    - Elle se trouve dans leur pays.
    - Car ils occupent le nôtre !
    - Ils acceptent que nous existions.
    - A condition d’être privés de mémoire.
    - Tu es trop dur.
    - As-tu un autre moyen de lutter contre le négationnisme ?
    - Faire la paix.
    - La paix revient aux morts. Nous avons besoin de liberté.
    - Il faut oublier.
    - Tout le monde ne peut porter une croix. Mais un seul a suffi. 

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    Le cénotaphe barbare


    Le cénotaphe barbare
    N. Lygeros

    Ils ne se contentent plus de souiller les églises,
    Ils veulent s’approprier notre mémoire.
    Ils ne se contentent pas de commettre un génocide,
    Ils veulent effacer toute trace de notre civilisation.
    Le musée n’est qu’un stratagème, un prétexte,
    Ils préparent non seulement le mausolée
    Mais aussi le cénotaphe de notre peuple. 

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    Thursday, January 30, 2014

    L’essence du peuple


    L’essence du peuple
    N. Lygeros

    Chaque peuple n’a que la valeur qu’il mérite.
    Il ne sera jamais à l’abri des traîtres,
    pas même des lâches ou des vils
    mais cela ne remet rien en cause
    s’il possède des hommes libres.
    Ils sont sa valeur et sa dignité.
    Leur rareté est une réalité
    mais qu’importe, l’essentiel est leur œuvre. 

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    Les larmes du dragon


    Les larmes du dragon
    N. Lygeros

    Notre peuple était dans le temps
    un immense champ de fleurs.
    Trop belles pour la barbarie.
    Aussi elle faucha les magnifiques
    pour ne laisser que les sauvages.
    Seulement parmi celles-ci
    se trouvaient les immortelles.
    Et chacune d’entre elles
    avait conservé
    le souvenir du dragon.
    Comme il savait qu’elles seules
    résisteraient à la barbarie,
    il les avait gorgées de larmes.

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    Toujours là !


    Toujours là !
    N. Lygeros

    Lorsque les barbares nous accusent
    nous savons que nous sommes innocents
    mais que devons-nous répondre
    aux critiques de nos propres enfants ?
    Ils pensent comme ils veulent qu’ils pensent
    sans comprendre qu’il ne s’agit de pensée.
    Même après le génocide la barbarie a peur
    car elle sait que nous existons toujours.

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    Wednesday, January 29, 2014

    Le syndrome du survivant


    Le syndrome du survivant
    N. Lygeros

    Avant de caractériser les peuples qui ont subi un génocide, il serait bon d’analyser le syndrome du survivant. Cela permettrait de comprendre le suicide de Primo Levi, le désespoir et le problème de la solidarité. L’impact produit par un génocide sur un peuple est difficilement mesurable. Il influence toute sa mémoire collective mais aussi sa psychologie. Car face à ces conditions extrêmes et inhumaines, l’individu en est bien souvent réduit à une survie biologique. Son mental est affecté car tout est remis en cause. Après le génocide, il n’existe qu’une certitude, la puissance de la faucheuse. Car c’est bien elle qui produit le résultat final et non la barbarie. Après cette épreuve, le survivant conçoit son existence comme une culpabilité. Il est coupable de ne pas être mort. Cette culpabilisation explique aussi bien le comportement des Juifs par rapport aux chambres à gaz, celui des Arméniens par rapport à la résistance, celui des Ukrainiens par rapport à l’anthropophagie. L’art du bourreau est avant tout celui de rendre la victime coupable. Son existence n’est pas une remise de peine. C’est bien souvent une nouvelle peine que la victime doit affronter seule et surtout mentalement isolée. Très peu d’hommes sont capables de faire survivre leur humanité après un génocide car l’acte de barbarie remet en cause leur foi en l’homme. Aussi il est trop facile de critiquer la solidarité d’un peuple dans ces conditions. Pour se reprendre il faut du temps car la prise de conscience est difficile. Tandis que le bourreau continue la huitième phase du processus génocidaire, avec le génocide de la mémoire. La victime ne s’est pas encore remise debout et le bourreau lui efface déjà son nom. Cependant la souffrance demeure même si elle ne s’exprime pas ouvertement. Le pire c’est que le bourreau connaît les sentiments de la culpabilité et d’infériorité, aussi il en profite pour asseoir son dogme stratégique. Mais le pire n’est pas le comportement du bourreau car même s’il est absurde du point de vue humain, il n’en demeure pas moins prévisible du point de vue stratégique. Non, le pire provient du jugement du peuple qui a subi le génocide. En effet il a tendance à se dénigrer et à considérer qu’il n’est pas valable de mettre en application ses rêves, ses visions et ses objectifs. Or rien n’est moins faux que tout cela. Penser cela va dans le sens du dogme du bourreau. Seulement dans le peuple, il y a toujours des hommes, des guerriers de la paix qui sont capables d’inspirer la confiance des victimes et de leur donner les moyens de mener à bien leur cause. Même si ces hommes sont rares comme l’affirme la propagande, ils suffisent à mettre en place une stratégie de défense capable de remettre en cause la suprématie du bourreau. Si ces hommes parviennent à transcender les obstacles du peuple victime face à sa propre mentalité, c’est qu’ils obéissent à des schémas mentaux bien plus anciens et bien plus profonds que le génocide. Car ils savent que le génocide n’est que la preuve de leur valeur en tant que peuple. La victime ne devient victime qu’en raison de sa valeur.

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    Tuesday, January 28, 2014

    Le secret de la serrure


    Le secret de la serrure
    N. Lygeros

    La barbarie avait crucifié l’église
    pour condamner les hommes libres
    des territoires occupés
    seulement la serrure avait gardé le secret.
    L’église aux arcs brisés était vide.
    Les murs étaient blanchis à la chaux.
    Toutefois nous savions que les saints,
    à travers la diaphanéité des murs,
    nous regardaient avec tendresse.
    Les hommes libres résisteraient.
    Telle était leur volonté,
    telle serait la réalité. 


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    Le fenouil et les croix


    Le fenouil et les croix
    N. Lygeros


    Au milieu des croix brisées
    par les fanatiques de l’oubli
    le fenouil redonnait de la couleur
    au cimetière de la mémoire.
    Aussi nous avons décidé de soulever
    le poids de la lumière
    et redresser les trois doigts de la foi
    pour rendre hommage à la résistance.
    Car la nature continuait à pousser
    malgré l’occupation des barbares. 

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    Sunday, January 26, 2014

    Κατάγραφη εκκλησιά


    Κατάγραφη εκκλησιά
    Ν. Λυγερός

    Κατάγραφη εκκλησιά
    είδαμε μαζί
    για να καταλάβουμε
    την τελειότητα του έργου
    όταν κάθε πιθαμή
    είναι καλυμμένη
    από τους αγιογράφους
    που ακολουθούν
    τις οδηγίες
    του αρχιτέκτονα
    για να υπάρξει παντού
    το στίγμα του Χριστού
    όπου και να βρεθεί
    το βλέμμα του ανθρώπου
    την ώρα της προσευχής
    όταν οι ψάλτες
    αγγίζουν την ψυχή του
    με τη φωνή τους
    να διαβάζει τα ιερά
    ευαγγέλια της πίστης
    για να ακουστεί σε όλους
    η θεανθρωπιά
    που νικά το σκοτάδι
    για να φέρει φως.

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    Ανεβάζουμε έργα


    Ανεβάζουμε έργα
    Ν. Λυγερός

    Ανεβάζουμε έργα
    και δεν μας αρκεί
    να κατεβάζουμε ταινίες
    για να ζήσουμε
    ως ελεύθεροι άνθρωποι
    γι' αυτό το λόγο
    διαλέξαμε καλά
    το επάγγελμά μας
    για να μην έχουμε
    να πάμε στη δουλειά
    και γίνουμε σκλάβοι
    έτσι μοιάζουμε
    με τον σκακιστή
    που δεν παίζει
    με κομμάτια ξύλου
    αλλά παλεύει
    με τους δικούς του
    για τη δικαιοσύνη
    του αγώνα μας
    και προσφέρει
    κοσμήματα
    συλλογικά
    στον Χρόνο
    και στην Ανθρωπότητα.
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    Saturday, January 25, 2014

    Το πάχος του χρόνου


    Το πάχος του χρόνου
    Ν. Λυγερός

    Το πάχος του χρόνου
    πρέπει να γεμίζει
    το έργο της ημέρας
    γι’ αυτό μη δίνεις σημασία
    στους κριτικούς της τέχνης
    γιατί η λογοτεχνία
    κι ο κινηματογράφος
    δεν ασχολούνται
    με την κυριαρχία του χώρου
    αφού μόνο ο χρόνος
    μπορεί να τους προσφέρει
    το πλαίσιο για ν’ αφήσουν
    το απαραίτητο ίχνος
    δίχως να ξεχάσουν
    να ζήσουν για τους άλλους
    και να παράγουν
    τη συνέχεια της ιστορίας
    γιατί το πνεύμα τους
    είναι διαχρονικό
    και δεν υπάρχει
    ποτέ η στιγμή
    αφού δεν αντέχει
    την παρουσία του χρόνου.

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    Επιτρέπεται η ασέβεια


    Επιτρέπεται η ασέβεια
    Ν. Λυγερός

    Επιτρέπεται η ασέβεια
    όταν σώζεις ανθρώπους
    όποια και να είναι η μέρα
    ανεξαρτήτως παράδοσης
    γιατί ακολουθούμε
    τη διδασκαλία του Χριστού
    και κανένας κανόνας
    δεν μπορεί να μας εμποδίσει
    για να κάνουμε το πρέπον
    όταν υπάρχει ανάγκη
    γι’ αυτό όταν ακούς
    όλους τους άλλους
    ότι πρέπει να σέβεσαι
    κάθε λέξη κοινωνίας
    πρέπει να συνειδητοποιήσεις
    ότι σου το λένε
    μόνο και μόνο
    για να μην κάνεις
    απολύτως τίποτα
    και να παραμείνεις
    ουδέτερος για όλους
    και για όλα
    ενώ πρέπει
    να ζήσουμε
    με τις πράξεις μας.


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    Thursday, January 23, 2014

    Le présent du dragon

    Le présent du dragon
    N. Lygeros


    Les hommes ne comprenaient pas son existence.
    Les gens refusaient sa résistance.
    Les enfants aimaient sa patience.
    Il n’était qu’un présent pour eux.
    Mais ce présent provenait du passé
    et ne s’adressait qu’au futur.
    Le temps était avec lui
    mais il était compté.
    Tel était le présent
    du dragon.

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    Le petit dragon

    Le petit dragon
    N. Lygeros


    Il était si petit qu’il n’aurait dû naître.
    Il était si vieux qu’il n’aurait dû mourir.
    Le petit dragon était un maître.
    Il avait parcouru la voie.
    Il avait aimé son retour.
    Le petit dragon était un homme.
    Il était si grand qu’il ne pouvait vivre.
    Il était si jeune qu’il ne pouvait faiblir.
    Le petit dragon était une vision.

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    Wednesday, January 22, 2014

    Le dragon sans griffes

    Le dragon sans griffes
    N. Lygeros


    Les hommes ne comprenaient pas son existence.
    Les gens refusaient sa résistance.
    Les enfants aimaient sa patience.
    Il n’était qu’un présent pour eux.
    Mais ce présent provenait du passé
    et ne s’adressait qu’au futur.
    Le temps était avec lui
    mais il était compté.
    Tel était le présent
    du dragon.

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    Deux histoires, un avenir

    Deux histoires, un avenir
    N. Lygeros


    Dans ce pays où la langue avait un son étrange,
    nous cherchions vainement des mots familiers.
    Empire d’autrefois, peuple d’antan,
    nous avons tout de même lutter contre la même barbarie.
    aussi après bien des essais désespérés
    nous trouvâmes nos souffrances communes.
    Ainsi le dialogue des victimes devint par la suite
    l’entente des combattants de la liberté.

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    Sunday, January 19, 2014

    Le serment des hommes

    Le serment des hommes
    N. Lygeros


    Sur le sommet des montagnes
    et sur le toit des églises
    nous ne contemplons pas notre passé,
    nous préparons l’avenir d’un peuple
    qui ne veut plus s’agenouiller
    devant l’insupportable barbarie
    et qui ne veut se baisser
    que pour baiser à nouveau sa terre.

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    De l’absence de combat au combat de la perte

    De l’absence de combat au combat de la perte
    N. Lygeros


    Cela est surprenant mais parfois l’absence de combat est pire qu’une perte. L’absence de conflit ne permet ni de gagner ni de perdre le conflit mais peut conduire à la perte d’identité. Ainsi les premières révolutions, celles qui sont vouées à l’échec, malgré la perte qu’elles représentent préparent le terrain des suivantes qui seront victorieuses. Il est certes nécessaire d’avoir des hommes prêts à se sacrifier mais si c’est le cas l’objectif de la préparation peut être mené à bien malgré la puissance de l’adversaire. Pour comprendre ce phénomène il est nécessaire de mettre l’accent sur le fait que le combat même s’il mène à la perte est une remise en cause de la suprématie. C’est pour cette raison que celui qui domine, s’il n’a pas de stratégie gagnante doit d’autant plus vaincre qu’il a plus à perdre. L’absence de conflit conduit presque inéluctablement à l’occupation d’un état de fait qui est bien pire que celui d’une perte. L’absence de conflit stabilise les positions du dominant et le dominé pense que la situation ne peut changer. Le problème c’est que la conséquence de cette absence n’engendre pas seulement un dogme stratégique dominant mais aussi un traumatisme psychologique. La crainte de l’échec conduit des individus à considérer que la position de dominé est une situation normale. Et cette normalité conduit à considérer sa propre personne comme le résultat de cet état de fait. Tandis que si nous nous souvenons de la pensée stoïcienne et en particulier de la célèbre phrase d’Epictète à savoir : « Considère-toi comme un homme libre ou comme un esclave cela ne dépend que de toi », alors nous comprenons qu’il existe un schéma mental qui remet en cause le système du dominant. Le problème intrinsèque à cette situation, c’est que la position de l’esclave est malgré les apparences, bien plus confortable à tenir. En effet aucune initiative n’est nécessaire. Tout est laissé au dominant. Tandis que la position de l’homme libre représente un coût puisqu’il doit choisir son destin et que chaque choix est une forme de privation. De manière plus générale, nous devons être conscients qu’une terre n’est perdue face à un envahisseur que si nous décidons nous-mêmes qu’elle est perdue. Cette perte ne dépend elle aussi que de nous. Ainsi nous avons le devoir de décider qu’une terre considérée comme perdue par certains n’est en réalité qu’une terre occupée. Nous pouvons trouver des exemples de ce type en Grèce mais aussi à Chypre. Cependant le plus bel exemple se trouve en Arménie. Et ce mot suffit à lui-même. Nous ne parlons ni d’Arménie occidentale, ni d’Arménie orientale pas plus que d’Arménie historique. La réalité mentale de l’Arménie est une et indivisible. Elle est reliée au génocide mais pas seulement. Certes le génocide permet de définir par l’absence et par le lieu du décès des victimes ainsi que des déplacements, la réalité effective de l’Arménie. Seulement cette réalité est gênante car elle conteste le dogme stratégique turc. Aussi certains préfèrent mener le combat de la perte et considère qu’il n’est pas nécessaire de revendiquer ce qu’ils considèrent comme impossible à obtenir. Néanmoins les revendications se feront, les recours entreront dans l’histoire car sans cela la notion d’arménité n’aurait pas de sens.

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    Friday, January 17, 2014

    Κατά βάθος

    Κατά βάθος
    N. Lygeros




    Δεν ήξερα τι ήξερες
    για να πεθάνω για σένα.
    Δεν ήθελες ό,τι ήθελα
    για να ζήσεις σαν εμένα.
    Και οι δύο μόνοι αλλά μαζί
    γράφαμε τα άγραφα
    της ιστορίας.

    Δεν έκλαιγα όπως έκλαιγες
    για να ξεχάσω τη γενοκτονία.
    Δεν έκλεψες όπως έκλεψα
    το δικαίωμα της ιστορίας.
    Και οι δύο μαζί αλλά μόνοι
    πέσαμε στο χρώμα
    του ωκεανού.

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    Τα στίγματα της κατοχής

    Τα στίγματα της κατοχής
    N. Lygeros



    Πάνω στη βυζαντινή εικόνα
    τα στίγματα της κατοχής
    δεν είχαν σβήσει.
    Κάθε μέρα πλήγωναν τον Άγιο
    με το τσεκούρι της ημισελήνου
    και τις κορυφές του θανάσιμου άστρου.
    Όμως ο Άγιος δεν λύγιζε
    δεν περίμενε, δεν ήλπιζε
    αντιστεκόταν κάθε νύχτα.


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    Wednesday, January 15, 2014

    Ο μικρός πρόσφυγας

    Ο μικρός πρόσφυγας
    N. Lygeros


    Ο μικρός πρόσφυγας δεν είχε ζήσει την εισβολή και δεν ήξερε τους εγκλωβισμένους. Η ιστορία της οικογένειάς του δεν του το είχε επιτρέψει. Μεγάλωνε ελεύθερος δίχως να ξέρει τι σημαίνει κατοχή. Του έλεγαν αναμνήσεις και σκόρπια γεγονότα και δεν έβλεπε την ουσία της τραγωδίας. Δεν έκλαιγε για το παρελθόν διότι δεν το είχε ζήσει, όμως του είχαν μάθει να κλαίει για το ανύπαρκτο μέλλον. Έτσι ήταν τα πράγματα πριν γυρίσει στο σπίτι που δεν γνώριζε. Όταν είδε τα μέρη του, όταν άγγιξε τις πέτρες που έτρωγαν οι πρόγονοί του, άρχισε μέσα του το ταξίδι της μνήμης. Με το βλέμμα του εξέταζε τα άγνωστα δεδομένα, τα ξεχασμένα πλοία της ιστορίας. Το χωριό του δεν ήταν πια μία φωτογραφία που δεν ήξερε από χρώματα. Ήταν ένας πολύχρωμος μικρόκοσμος όπου κάθε λεπτομέρεια είχε μέσα της ένα κομμάτι ψυχής. Τα κυκλάμινα της εκκλησίας ήταν το δώρο του μιτσή όπως και το σχοινί του καμπαναριού. Ακόμα και η βρύση του νεκροταφείου έγινε μέσα του το αθάνατο νερό. Κοίταζε παντού, ακόμα και κάτω από τους σταυρούς για να βρει τις ρίζες της ρωμιοσύνης. Δεν έκλαιγε πια για το μέλλον, το είχε πια μέσα στα χέρια του. Ανέβηκε πάνω στην εκκλησία για να δει τις πληγές, για να μάθει πώς να τη φροντίσει. Έβγαλε φωτογραφίες των βυζαντινών εικόνων για να τις επισκευάσει. Μάζεψε για πρώτη φορά τις μνήμες των προγόνων του για να κάνει δώρο αυτό το μπουκέτο στους απογόνους του. Με τα χρώματα της γης και των λουλουδιών έγραψε τη δική του μυθολογία. Τα κατεχόμενα ζούσαν μέσα του όπως αυτός ζούσε μέσα τους. Ήταν η πρώτη φορά που κατανοούσε τι σημαίνει κατοχή. Ήταν η πρώτη φορά που ήξερε ποιος ήταν ο ρόλος της ζωής. Με τα κοτσάνια των λουλουδιών έκανε την προσφυγή της ζωής του. Ήταν πια πρόσφυγας. Διεκδικούσε επιτέλους τη μνήμη του μέλλοντος. Δεν δίσταζε ν’ αντικρίσει την εγγυήτρια δύναμη του χάους και της γενοκτονίας της μνήμης. Ήταν πια ένας μαχητής της ειρήνης. Τότε γύρισε στις ελεύθερες περιοχές και πήρε από το χέρι όλη την οικογένειά του. Τους έμαθε πώς να κάνουν προσφυγή με τα κοτσάνια. Τους έμαθε την αξία της αντίστασης και το κόστος της σιωπής. Ο πρόσφυγας δεν ήταν πια μόνο μικρός. Έδειχνε το παράδειγμα σε όλους τους δικούς του. Έτσι άρχισε η εκστρατεία. Έτσι κατάφερε να τους φέρει όλους στα μέρη τους και να τα αντικρίσουν για πρώτη φορά με το βλέμμα της αντίστασης. Δεν περίμεναν πια τη λύση. Θα την έψαχναν και θα την έβρισκαν μέσα στο πρόβλημα. Είχε καθορίσει ποιο ήταν το έργο της ζωής τους. Πέθαναν μαζί για ν’ αναστηθούν. Τότε, όταν οι βάρβαροι της λήθης τούς αντίκρισαν, κατάλαβαν ότι ήταν η αρχή του τέλους. Η κατοχή είχε πια ημερομηνία λήξης. Το σύστημα είχε σαπίσει από μέσα, και απ’ έξω δεχόταν τα πρώτα πλήγματα. Οι ελεύθεροι πολιορκημένοι θα τους έδιωχναν στα ξένα για να φανεί ο ήλιος της δικαιοσύνης.

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    Tuesday, January 14, 2014

    33 χρόνια σταύρωσης

    33 χρόνια σταύρωσης
    N. Lygeros


    Τριαντατρία χρόνια μία γυναίκα
    μόνο μία
    κρατά πάνω στους ώμους της
    τον σταυρωμένο Χριστό
    σαν το μικρό κοτσάνι
    που κρατά τα πέταλα του λουλουδιού.
    Λυγίζει από το βάρος του
    όμως δεν γονατίζει
    περιμένοντας την ώρα του επιτάφιου.

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    De l’absence de combat au combat de la perte

    De l’absence de combat au combat de la perte
    N. Lygeros



    Cela est surprenant mais parfois l’absence de combat est pire qu’une perte. L’absence de conflit ne permet ni de gagner ni de perdre le conflit mais peut conduire à la perte d’identité. Ainsi les premières révolutions, celles qui sont vouées à l’échec, malgré la perte qu’elles représentent préparent le terrain des suivantes qui seront victorieuses. Il est certes nécessaire d’avoir des hommes prêts à se sacrifier mais si c’est le cas l’objectif de la préparation peut être mené à bien malgré la puissance de l’adversaire. Pour comprendre ce phénomène il est nécessaire de mettre l’accent sur le fait que le combat même s’il mène à la perte est une remise en cause de la suprématie. C’est pour cette raison que celui qui domine, s’il n’a pas de stratégie gagnante doit d’autant plus vaincre qu’il a plus à perdre. L’absence de conflit conduit presque inéluctablement à l’occupation d’un état de fait qui est bien pire que celui d’une perte. L’absence de conflit stabilise les positions du dominant et le dominé pense que la situation ne peut changer. Le problème c’est que la conséquence de cette absence n’engendre pas seulement un dogme stratégique dominant mais aussi un traumatisme psychologique. La crainte de l’échec conduit des individus à considérer que la position de dominé est une situation normale. Et cette normalité conduit à considérer sa propre personne comme le résultat de cet état de fait. Tandis que si nous nous souvenons de la pensée stoïcienne et en particulier de la célèbre phrase d’Epictète à savoir : « Considère-toi comme un homme libre ou comme un esclave cela ne dépend que de toi », alors nous comprenons qu’il existe un schéma mental qui remet en cause le système du dominant. Le problème intrinsèque à cette situation, c’est que la position de l’esclave est malgré les apparences, bien plus confortable à tenir. En effet aucune initiative n’est nécessaire. Tout est laissé au dominant. Tandis que la position de l’homme libre représente un coût puisqu’il doit choisir son destin et que chaque choix est une forme de privation. De manière plus générale, nous devons être conscients qu’une terre n’est perdue face à un envahisseur que si nous décidons nous-mêmes qu’elle est perdue. Cette perte ne dépend elle aussi que de nous. Ainsi nous avons le devoir de décider qu’une terre considérée comme perdue par certains n’est en réalité qu’une terre occupée. Nous pouvons trouver des exemples de ce type en Grèce mais aussi à Chypre. Cependant le plus bel exemple se trouve en Arménie. Et ce mot suffit à lui-même. Nous ne parlons ni d’Arménie occidentale, ni d’Arménie orientale pas plus que d’Arménie historique. La réalité mentale de l’Arménie est une et indivisible. Elle est reliée au génocide mais pas seulement. Certes le génocide permet de définir par l’absence et par le lieu du décès des victimes ainsi que des déplacements, la réalité effective de l’Arménie. Seulement cette réalité est gênante car elle conteste le dogme stratégique turc. Aussi certains préfèrent mener le combat de la perte et considère qu’il n’est pas nécessaire de revendiquer ce qu’ils considèrent comme impossible à obtenir. Néanmoins les revendications se feront, les recours entreront dans l’histoire car sans cela la notion d’arménité n’aurait pas de sens.

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    Sunday, January 12, 2014

    Les jeux interdits de l’enfance

    Les jeux interdits de l’enfance
    N. Lygeros

    Les enfants n’étaient pas tous morts.
    Ils jouaient encore avec les osselets
    de leurs petits camarades de classe.
    Sans comprendre les règles sociales,
    sans saisir les ravages de la politique,
    les enfants s’amusaient avec les autres
    afin de ne pas les oublier malgré leurs morts.

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    De la reconnaissance à l’arménité

    De la reconnaissance à l’arménité
    N. Lygeros

    La reconnaissance n’est pas une fin en soi. D’une part, elle appartient au processus de réparation et d’autre part, elle constitue seulement un élément de la notion d’arménité. Tandis que cette dernière représente l’essence même du peuple arménien. Aussi la reconnaissance doit être incorporée dans un ensemble d’actions convergentes pour parvenir à l’essentiel de la cause. Ces actions existent aussi bien dans l’état d’Arménie que dans la diaspora. Cependant elles ne sont gère mises en évidence de peur d’être comparées à la reconnaissance elle-même. Cette attitude loin de mettre en avant la reconnaissance, contribue en réalité à rendre l’ensemble du processus inefficace.

    La multitude des actions à mettre en place est très grande. Car il ne faut pas effectuer des hiérarchies de valeur. Selon le public un moyen peut être plus ou moins efficace par rapport à un autre. Nous pensons qu’il faut avoir une vision arménienne de l’ensemble et tenter d’établir des critères de convergences. Chacun contribue à sa manière au-delà des clivages. Les traductions systématiques de documents d’archive, les études sur les cartes, l’apprentissage de la langue, l’édition de livres, de revues et même de bandes dessinées contribuent à faire connaître l’arménité et via celle-ci l’existence du problème génocidaire. La réalisation d’un film produit certes un très fort impact général mais elle n’affecte que très peu le travail de fond. Ce dernier n’est possible et n’est véritablement efficace contre l’appareil de propagande turc que s’il est mené de manière intensive. Il en est de même pour la réalisation d’un mémorial qui ne doit pas être seulement considéré comme l’aboutissement d’un travail, mais comme le point de départ et le fer de lance d’actions à mener autour de sa présence. De la même manière, nous devons mener des actions qui visent à faire découvrir l’Arménie et par ce mot nous n’entendons pas seulement l’état d’Arménie mais surtout les territoires occupés et les territoires libérés. Car ce sont ces derniers qui ont besoin de revoir des Arméniens. Quant aux Arméniens c’est aussi par ce biais qu’ils découvriront l’importance de leur rôle à jouer dans la cause. Parfois c’est en apercevant les vestiges d’une église ou l’isolement d’un pont de pierre que nous saisissons la nécessité de protéger un patrimoine culturel.

    Grâce à l’expérience de nos interventions dans les territoires occupés de Chypre nous savions l’impact produit sur nos réfugiés lorsqu’ils découvrent un cimetière saccagé, une maison en ruine, une église détruite, une école close. Dans ces instants leur courage redouble et ils prennent conscience de la nécessité de lutter. Seulement il faut ensuite se donner les moyens, exploiter des cartes d’état major, connaître le cadastre pour étudier et faire des recours à la Cour Européenne des Droits de l’Homme pour exercer des pressions sur l’UNESCO, l’ONU mais surtout contre les forces d’occupation turques. Un travail analogue doit être effectué dans le cadre de la reconnaissance de l’arménité. Car cette dernière ne dépend pas seulement du passé mais aussi du futur. Il est donc nécessaire d’impliquer les jeunes arméniens dans cette reconnaissance.

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    Friday, January 10, 2014

    Tuesday, January 7, 2014

    L’éclat noir de l’arménité


    L’éclat noir de l’arménité
    N. Lygeros

    L’obsidienne n’était pas seulement noire comme l’histoire.
    Elle était aussi tranchante que le crime.
    Seulement c’était sa diaphanéité et sa pureté
    qui emportaient mon regard dans le tréfonds de sa passion.
    L’éclat noir de l’arménité
    celui qui avait marqué les dragons
    s’enfonçait peu à peu dans la mémoire
    pour ne pas oublier l’essentiel.
    Paradoxe minéral,
    mémoire oubliée,
    lutte inégale
    et grandeur humaine.
    Telle était la leçon de la pierre d’antan.

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    Les corps labourés


    Les corps labourés
    N. Lygeros

    La terre avait donné son dernier souffle.
    Dans l’immensité des étendues régnait le néant.
    Le soc n’avait plus rien à labourer.
    Ainsi vint le tour des hommes
    ou plutôt de leur âme
    car la famine les avait déshumanisés.
    La mort labourait leurs corps
    et semait la panique.
    Plus rien ne pouvait lui résister.
    La terre des hommes devint le souvenir des champs.

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    L’art de la culpabilisation


    L’art de la culpabilisation
    N. Lygeros

    Nous étions à moitié nus dans la prison.
    Mais cela ne suffisait pas à nous avilir.
    Alors nos bourreaux utilisèrent la pomme de terre.
    Ils nous affamaient durant des jours
    et soudain ils apportaient une pomme de terre.
    Une seule pour vingt personnes affamées.
    Alors nous nous jetions les uns sur les autres
    pour tenter d’en manger un morceau.
    Mais bien souvent c’était un lambeau
    qui pendait à nos lèvres.
    Le supplice dura des semaines.
    A la fin nous nous sentions tous coupables.
    Nos bourreaux avaient réussi leur pari.
    Nous ne nous sentions plus des victimes,
    nous n’étions plus que des bourreaux nous aussi.
    Il nous fallut des années pour transcender
    cette culpabilisation artificielle
    et condamner les bourreaux,
    les véritables. 

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    Ο ποιητής της φωτιάς


    Ο ποιητής της φωτιάς
    N. Lygeros

    Παλιές τραγωδίες έκαιγαν
    τα βλέμματα της μνήμης
    μα δεν σταμάτησαν την έρευνα.
    Έπρεπε να μάθουν τα ξεχασμένα
    για να ζήσει και πάλι
    ένας ολόκληρος λαός
    μέσα από τις σημειώσεις
    ενός ποιητή. 

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    L’imagination des faibles


    L’imagination des faibles
    N. Lygeros

    L’imagination de mon ami
    avait élevé au-dessus du sol
    les pierres de ses ancêtres
    pour montrer le poids du blé
    sur l’histoire de la mémoire.

    Seulement qui pouvait voir
    que ce petit chant de pierres
    représentait aussi les millions
    non pas d’hommes éventrés
    mais de ventres déshumanisés ? 

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    Les millions de petits princes


    Les millions de petits princes
    N. Lygeros

    Vous qui avez tant de mal à imaginer
    l’existence du petit prince
    en regardant les champs de blé,
    pouvez-vous imaginer des millions
    de petits princes
    tombés au champ d’horreur
    pour une poignée de blé ?

    C’est pourtant ce qui s’est passé
    en l’an de grâce 1933
    en Ukraine.

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    Nous n’étions pas seulement des victimes


    Nous n’étions pas seulement des victimes
    N. Lygeros


    Nous avions les yeux crevés,
    les dents arrachées,
    les ongles ensanglantés,
    le crâne rasé,
    les membres tatoués
    mais nous n’étions pas seulement des victimes.
    Nous avions une histoire,
    une civilisation
    et des traditions
    mais nous n’étions pas seulement des ennemis.
    Nous avions une pensée
    mais nous n’étions pas seulement des morts.

    Nous étions des hommes et nous le resterons
    pour montrer l’ignominie de la barbarie. 


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    Monday, January 6, 2014

    L’exemple arménien


    L’exemple arménien
    N. Lygeros

    Malgré la grandeur du combat de la reconnaissance du génocide des Arméniens, rares sont les membres de la diaspora qui en ont conscience. Certes tout le monde comprend l’importance de ce constat. Certes de nombreuses personnes de la communauté savent que ce combat est nécessaire. Seulement dans la plupart des cas, les Arméniens ne réalisent pas qu’ils constituent un exemple pour d’autres peuples qui sont eux-mêmes à la recherche d’une reconnaissance. La réalité d’un évènement n’est pas mise en doute mais elle ne suffit pas pour le transformer en crime contre l’humanité et encore moins en un génocide. Cette approche nous permet de comprendre qu’un génocide n’est pas un fait mais un résultat. Son existence dépend de la reconnaissance. L’exemple arménien montre que l’existence d’un évènement ne suffit pas. Il est possible que tout un peuple connaisse cet évènement sans que cela soit suffisant. En effet si des instances remettent en cause cette existence, il faut qu’un peuple tout entier le prouve. Certes cela semble vain de prouver une évidence mais l’absence de preuve annule l’existence. L’histoire ne suffit pas. Elle a besoin de l’avenir. Si le peuple arménien abandonne son combat alors le génocide n’existera plus. L’exemple arménien démontre que l’existence n’est pas importante en soi mais par sa durée. En d’autres termes nous sommes responsables de notre passé. Cet apport est radicalement différent de celui de l’existence de l’Holocauste. Le procès de Nuremberg a provoqué un changement de phase qui n’existe pas ou du moins pas encore dans le cas arménien. Cette absence qui représente bien sûr une difficulté pour la reconnaissance du génocide des Arméniens a transformé la cause arménienne en exemple générique. La réussite de l’approche arménienne constitue une sorte de jurisprudence formelle dans le domaine des droits de l’homme. Cela crée donc le concept d’un exemple à suivre. Ainsi la cause arménienne n’est pas seulement responsable de son passé mais aussi de l’avenir des autres causes. La cause arménienne n’est donc pas unique mais générique. Elle ne l’est pas par le nombre de victimes mais par la stratégie adoptée pour prouver l’acte de barbarie que constitue le génocide. Bien souvent les peuples blessés par un génocide se trouvent désemparés devant l’incrédulité de l’indifférence. Certains même les accusent d’avoir des objectifs politiques et que leurs revendications ne sont qu’un prétexte. Un exemple de ce type est le cas ukrainien. Seulement la justice de la cause humaine transcende ces stratagèmes. L’exemple arménien montre que la cause peut mettre en place des outils performants pour mettre en défaut les fanatiques de l’oubli. Le peuple arménien, même s’il ne saisit pas la grandeur de sa cause, doit comprendre l’ampleur de son rôle. La responsabilité de l’exemple arménien déborde hors du cadre arménien car elle appartient à l’humanité.

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    Génocide et mix stratégique


    Génocide et mix stratégique
    N. Lygeros

    Chaque peuple qui a subi un génocide considère que sa tragédie est unique. Pourtant l’histoire montre non seulement que les génocides ne sont pas un phénomène unique mais de plus que les bourreaux sont récidivistes. Malheureusement nous n’abordons jamais ce point de vue pour lutter contre le génocide de la mémoire. Alors que nous savons qu’un génocide n’est pas ponctuel et qu’il est le résultat de huit phases, nous étudions rarement l’enchevêtrement de phases de différents génocides ou crimes contre l’humanité. Le génocide des Arméniens atteint son paroxysme en 1915 mais il s’étend structurellement parlant sur la période 1896-1923. Au cours de cette période apparaissent d’autres dates comme celle de 1918 qui correspond au génocide des Pontiques mais aussi celle de 1922 qui correspond à la catastrophe de Smyrne. Sans parler de la loi sur la propriété de 1912. L’enchevêtrement de ces phases n’est que rarement utilisé pour accuser l’acte de barbarie commis par la Turquie. Pourtant cette dernière voyait bien ces actes comme une opération coordonnée. Le malheur de chaque peuple génocidé c’est de penser qu’il est seul à affronter la barbarie étatique. Le malheur divise et la barbarie règne. C’est pour cette raison que la Turquie se garde bien d’affronter de la même manière les peuples qui ont subi sa barbarie. Elle a trop peur de créer par contrecoup, un front uni contre elle. Pourtant ce front existe potentiellement même s’il n’est pas nécessaire que l’ensemble de ses membres ait subi un génocide. Une approche transversale est non seulement pertinente mais surtout efficace. Chaque témoignage corrobore les autres. De cette façon, nous n’avons plus un ensemble de cas, mais un véritable faisceau convergent. Pour voir un cas analogue, il suffit de considérer l’exemple ukrainien par rapport à la barbarie du régime stalinien. Certes les Ukrainiens ont subi un génocide de 1932 à 1933 mais il serait judicieux d’utiliser dans un même mix stratégique les Arméniens, les Géorgiens, les Grecs et les Pontiques pour démontrer l’authenticité d’une véritable politique d’épuration de la part de Staline. Cela ne prouve pas que le malheur des peuples soit identique. Mais cela permet d’activer stratégiquement un schéma mental de Gorki à savoir que l’union des malheureux peut rendre heureux. Cela implique d’avoir des connaissances historiques croisées, ce qui présuppose une plus ample étude. Néanmoins l’exemple arménien démontre combien cela est nécessaire pour lutter efficacement contre l’appareil de propagande turc. Car même si le génocide est incontestable, tout est contesté par la Turquie. Aussi nous devons la prendre en défaut et démonter chacun de ses arguments de contestation, en effectuant des recherches croisées. Car il est évident que la Turquie a tout intérêt à mettre en évidence les divergences formelles de ses victimes et affaiblir les points communs qui sont essentiels. Seulement ces points communs doivent être connus sinon nous observons la puissance de la séparation comme dans le cas chypriote où la Turquie bafoue les droits des Arméniens, des Chypriotes Grecs et Turcs, des Latins et des Maronites sans que ces derniers ne se concertent pour lutter contre l’ennemi commun. Heureusement le mix stratégique devient peu à peu une réalité et montre à toutes ces communautés son immense potentiel.

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    Saturday, January 4, 2014

    Les combattants arméniens


    Les combattants arméniens
    N. Lygeros

    Certains pensent qu’ils n’ont jamais existé.
    D’autres croient qu’ils ne doivent pas exister.
    D’autres encore les ont oubliés pour ne pas s’inquiéter.
    Cependant les combattants arméniens ne sont pas morts.
    Ils sont encore là parmi nous, chez nous
    et nous pouvons sentir le souffle du dragon
    qui protège son peuple contre l’oubli.
    Seulement pourquoi les instances s’efforcent-elles
    de les mettre à l’écart de la société ?
    Craignent-elles leur pouvoir ou leur souvenir ? 

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    La conscience de Fiodor


    La conscience de Fiodor
    N. Lygeros

    « …une lutte sans merci, une lutte à mort, se livre en ce moment entre le Gouvernement et les paysans. L’année qui s’écoule (1933) nous a permis de donner la mesure de nos forces. Il a fallu une Famine pour faire comprendre qui commandait dans ce pays. Le système de la culture collective a coûté des millions de vies, mais il est maintenant solidement établi. NOUS AVONS GAGNE LA GUERRE… »
    Discours de KATAIEVITCH, membre du Comité Central du PARTI.

    Fiodor : Vous avez affamé un peuple tout entier.
    Joseph : Nous avons purgé l’histoire d’une infamie.
    Fiodor : Vous avez commis un crime contre l’humanité.
    Joseph : Notre régime n’avait que faire de ces traîtres.
    Fiodor : Des traîtres, les enfants de notre terre ?
    Joseph : Leur existence était une trahison pour notre régime.
    Fiodor : La famine ne conduit jamais au régime, seulement à la mort.
    Joseph : Nous devions éliminer ces enfants.
    Fiodor : Car ils étaient la mémoire de leurs parents ?
    Joseph : Ils mangeaient notre blé.
    Fiodor : Votre blé ? Leur labeur ? Votre blé ? Leur maigreur ?
    Joseph : Leur labeur, c’était notre bonté. Leur maigreur, notre volonté.
    Fiodor : Et leur malheur, votre brutalité.
    Joseph : Aucune pitié pour cette vermine.
    Fiodor : Cette vermine, c’était notre chair.
    Joseph : La pourriture n’est pas humaine.
    Fiodor : C’est votre crime qui est inhumain.
    Joseph : Cette famine, c’est notre fierté, notre ultime vérité.
    Fiodor : Ce sera aussi votre châtiment.
    Joseph : Qui osera nous condamner ?
    Fiodor : La conscience de l’humanité !
    Joseph : Qui croit encore à la dignité humaine ?
    Fiodor : Les combattants de la barbarie.
    Joseph : Une bande d’impuissants.
    Fiodor : Aucun puissant ne sera épargné par la justice de la mémoire.
    Joseph : La mémoire est aussi humaine que l’erreur !
    Fiodor : La conscience ne peut oublier.
    Joseph : Alors nous oublierons la conscience.
    Fiodor : Tant que les bourreaux ne seront pas condamnés…
    Joseph : Vous lutterez contre le néant ?
    Fiodor : Les morts ne cesseront de crier !
    Joseph : Ils crient dans le vide. Nul ne les écoute.
    Fiodor : L’humanité les entend et elle vous condamnera.
    Joseph : Qui peut ramener un passé oublié ?
    Fiodor : La mémoire du futur ! 

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    Sous le poids du blé


    Sous le poids du blé
    N. Lygeros

    Un peuple tout entier n’a pu soutenir le poids du blé.
    Des millions de victimes fauchées en plein été
    pour effacer toute trace de résistance.
    Seulement nos os n’ont rien oublié
    et nous continuerons entassés les uns contre les autres
    à lutter contre l’hiver de l’oubli et de l’indifférence
    pour que le blé repousse un jour son poids.


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    Friday, January 3, 2014

    La petite carte

    La petite carte
    N. Lygeros



    Dans la classe,
    la petite arménienne n’était pas à sa place.
    Elle regardait
    non pas le maître qui parlait une autre langue
    mais une petite carte qui ressemblait
    à ce qu’elle n’avait jamais vu.
    Elle voulait demander au maître la signification
    non pas de la légende des ancêtres
    mais celle de la petite carte.
    Seulement la carte tomba du mur
    et atterrit sur l’estrade.
    Le maître continua la leçon.
    Il n’avait rien vu.
    Et il finit par la piétiner.
    Ce jour-là elle pleura pour la première fois
    pour ce papier que les gens brûlaient
    par plaisir.

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    Le grand pardon

    Le grand pardon
    N. Lygeros



    On nous demande d’oublier.
    On nous demande de nous taire.
    On nous demande de ne pas condamner.
    On nous demande de donner le grand pardon.
    Seulement nous qui ne savons que donner,
    nous ne pouvons donner ce que nous n’avons pas,
    notre avenir !
    Et comme nous ne savons pas demander,
    nous exigeons le droit d’exister pour nous souvenir
    et pour juger les bourreaux de l’histoire.

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    Du chaos génocidaire à la complexité architecturale

    Du chaos génocidaire à la complexité architecturale
    N. Lygeros



    Nous nous efforçons parfois de comprendre la simplicité de certaines notions car elles bouleversent et ébranlent notre pensée. Parmi ces notions, nous trouvons le génocide. Perçu comme une entité abstraite, le génocide semble inconcevable. Le chaos qu’il provoque sur un peuple n’est pas modélisable aisément. C’est d’ailleurs une des difficultés de sa reconnaissance. Néanmoins, ce chaos génocidaire est malgré tout représentable. Seulement pour cela, il faut utiliser la complexité architecturale. Sans celle-ci le symbole reste symbolique et par conséquent obsolète. Une des représentations les plus élégantes de cette problématique, c’est le Mémorial Lyonnais pour le génocide des Arméniens. En effet ce mémorial, contrairement à d’autres, ne se contente pas d’exister, il s’impose par sa nécessité et celle-ci n’est accessible que par la simplicité de sa complexité.

    Au premier abord, les trente-six éléments qui constituent cet ensemble architectural, semblent identiques. Mais l’examen attentif de chacun d’entre eux permet d’effectuer le constat suivant : chaque élément a un rôle. Celui-ci n’est pas nécessairement intrinsèque même si cela est le cas pour certains d’entre eux puisqu’ils portent les stigmates des poèmes. Chaque feuille de pierre pointe tel un atlas minéral l’éclat de l’histoire. Les pierres suspendues sont en effet toutes différentes. Ainsi des éléments identiques en ductal portent des pierres uniques. Le futur supporte et soutient le passé. Quant au sens des éléments, il est à nouveau double. Aussi les éléments ont un rôle extrinsèque à leur nature. Leur disposition dans l’espace donne des informations sur le temps. Portée musicale abstraite, l’alignement des feuilles de pierre, joue la musique du silence sans nuire au passant. Filtre de l’indifférence, le Mémorial représente une transfiguration. En apparence aléatoire, il est absolument déterministe. Il engendre ainsi un chaos déterministe. L’assemblage de la simplicité engendre le complexe qui modélise le chaos. Le caractère incompréhensible du génocide devient compréhensible via la structure du Mémorial comme pour mieux mettre en évidence la portée de la phrase d’Albert Einstein à savoir : la chose la plus incompréhensible du monde, c’est que le monde soit compréhensible.

    La synthèse que représente le Mémorial au sens créatif du terme permet de créer un modèle abstrait du génocide. Le Mémorial fonctionne comme le négatif du génocide pour lutter contre sa négation. A travers cet isomorphisme formel établi par l’architecte, le Mémorial devient l’outil le plus puissant pour aller au delà de la reconnaissance, pour atteindre la pénalisation et poursuivre le processus de réparation. La complexité architecturale du Mémorial rend accessible le chaos génocidaire. Ainsi l’histoire du Mémorial commence à peine car sa mission n’est pas finie.

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    Sur l’envergure du mémorial

    Sur l’envergure du mémorial
    N. Lygeros
    Traduit du Grec par A.-M. Bras


    Le Mémorial Lyonnais pour le génocide des Arméniens n’est pas seulement un symbole. Il ne recherche pas une symbolique spécifique. Car la pire des choses qui puisse arriver à un symbole, c’est de devenir symbolique. Le rôle du Mémorial n’est pas seulement commémoratif. Il ne s’agit pas uniquement d’un objet lié au souvenir. Il ne peut être que cela. Car le souvenir n’est associé qu’à ce qui est reconnu et incontestable. Le Mémorial a une dimension de revendication car la Turquie n’a pas encore reconnu son rôle dans le génocide. Le Mémorial n’est pas seulement beau. Sa présence est gênante. Son architecte a réussi la prouesse de l’intégrer parfaitement dans le patrimoine lyonnais. Aussi bien intégré dans son contexte, il en devient encore plus gênant par son envergure humaine. Car son universalité embrasse les droits de l’homme. Il est donc devenu le fer de lance d’une cause qui transcende l’arménité pour mettre en valeur l’humanité. Son existence à l’instar de celle d’un survivant du génocide dénonce le crime contre l’humanité. Si son architecture est restreinte à un podium d’une place aux côtés d’un clocher, il n’en est pas de même pour sa mission. Nous avons un bel exemple d’œuvre qui dépasse son concepteur, et de mission qui transcende l’œuvre. Si cette dernière existe cela provient du fait que la France a reconnu le génocide des Arméniens en 2001. Si cette œuvre n’a pas été détruite et saccagée par la barbarie turque, c’est en raison du processus de pénalisation qui se met en place. Le Mémorial est un indicateur pour les droits de l’homme. Son état architectural montre celui de l’état français. Si nous fléchissons face aux menaces alors le Mémorial sera détérioré comme il l’a été au moment de nos faiblesses. Du point de vue esthétique, le Mémorial est l’analogue du portrait de Dorian Gray, la célèbre œuvre d’Oscar Wilde. Sa beauté sera défigurée et ce d’autant plus, que notre lâcheté envers la barbarie sera grande. L’architecte du Mémorial nous a offert ce tableau dépourvu de symbolique interne afin de nous permettre de mieux représenter la nôtre. Si le Mémorial est beau c’est parce que la France a reconnu le génocide des Arméniens. Si nous voulons que le Mémorial ne soit pas saccagé, nous savons ce que nous avons à faire. Le Mémorial fonctionne donc comme un témoin du passé mais aussi comme un gardien de l’avenir. Si sa présence gêne c’est parce que son existence revendique. Il ne se contente pas d’être, il devient. L’architecte du Mémorial n’a pas offert une œuvre statique. Le Mémorial a une dynamique à l’instar d’une partition de musique qui n’attend que d’être jouée. Seulement le Mémorial n’attend pas, il joue déjà son rôle et celui-ci est universel car il est le silence des langues, de toutes les langues.

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