L’art de la culpabilisation
N. Lygeros
Nous étions à moitié nus dans la prison.
Mais cela ne suffisait pas à nous avilir.
Alors nos bourreaux utilisèrent la pomme de terre.
Ils nous affamaient durant des jours
et soudain ils apportaient une pomme de terre.
Une seule pour vingt personnes affamées.
Alors nous nous jetions les uns sur les autres
pour tenter d’en manger un morceau.
Mais bien souvent c’était un lambeau
qui pendait à nos lèvres.
Le supplice dura des semaines.
A la fin nous nous sentions tous coupables.
Nos bourreaux avaient réussi leur pari.
Nous ne nous sentions plus des victimes,
nous n’étions plus que des bourreaux nous aussi.
Il nous fallut des années pour transcender
cette culpabilisation artificielle
et condamner les bourreaux,
les véritables.
Mais cela ne suffisait pas à nous avilir.
Alors nos bourreaux utilisèrent la pomme de terre.
Ils nous affamaient durant des jours
et soudain ils apportaient une pomme de terre.
Une seule pour vingt personnes affamées.
Alors nous nous jetions les uns sur les autres
pour tenter d’en manger un morceau.
Mais bien souvent c’était un lambeau
qui pendait à nos lèvres.
Le supplice dura des semaines.
A la fin nous nous sentions tous coupables.
Nos bourreaux avaient réussi leur pari.
Nous ne nous sentions plus des victimes,
nous n’étions plus que des bourreaux nous aussi.
Il nous fallut des années pour transcender
cette culpabilisation artificielle
et condamner les bourreaux,
les véritables.